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Tinder surprises !
5 juillet 2023

LECON N°31: OBSERVER L'IMAGE QUE JE DONNE DE MOI MËME

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Je me découvre irrégulière et franchement dépassée par la surcharge actuelle qu'impliquent: un job alimentaire dans un musée (certes, me direz-vous il y a pire), deux enfants dont une jeune adulte à temps plein pour les mois d'été et très en demande d'échange et de sorties, un déménagement et des prises de conscience éreintantes...

bref, me revoilà... je ne saurais dire s'il s'agit de mon déménagement définitif des affaires restantes dans l'ancienne maison familiale, la projection dans une nouvelle vie qu'il me reste à bâtir, un nouveau job dans lequel je me sens à l'aise car surqualifiée, la rencontre fortuite d'un agent immobilier charmant et déroutant mais (encore un !) complexe... une fille en passe de devenir adulte dont les questionnements font écho aux miens dans ce nouveau départ, une autre de 11 ans qui choisit de rester vivre avec son père... ma vie ressemble à un gigantesque foutoir truffé de prises de conscience qui se succèdent, douloureuses, cruelles mais nécessaires à ma progression.

Belette semble bien partie pour une love story, Ponette est installée dans son rythme qui la satisfait, Cy se marie dans un mois, Ca est solidement ancrée dans son quotidien familial... quant à moi j'ignore encore véritablement ce qui me satisferait et mon quotidien semble flottant, en mutation perpétuelle... insécure sur le plan affectif, jem'évertue à choisir des partenaires tous plus hermétiques et incompréhensibles les uns que les autres... piètre directrice de casting ! Et The One qui n'est jamais bien loin, solidement installé dans un coin de ma tête, mais le sujet n'est pas là.

Je suis malgré moi encore pétrie de colère, essentiellement contre moi-même: revoir le père de mes enfants ravive la rancoeur, l'arrière goût tenace du gâchis de 8 années foutues en l'air à tenter de tenir un couple exsangue à bout de bras... 8 années, 8 putain d'années d'infidélité, d'humiliation, de désamour, que je me suis infligé. Je suis démunie face à cette rage, tout en veillant à ce qu'elle ne me consume pas totalement et ne conditionne pas de façon durable mes rapports aux hommes (sur ce point, une analyse en profondeur est malgré tout à envisager).

A mon corps défendant, j'ai nexté S, trop incohérent et dangereux (affectivement parlant), trop instable... trop tout et rien à la fois, nos chaos n'étaient définitivement pas compatibles. 

Peu de temps avant- il y a sans doute une relation de cause à effet- W a déboulé dans mon quotidien, de façon inattendue, agent immobilier il m'a fait visiter l'appartement dans lequel j'ai emménagé, Belette a ri de mon émoi ("et merde" ai-je pensé) en le voyant descendre de voiture. Grand, plutôt baraqué, d'allure sportive et assez sûr de lui, il dégage une solidité sereine, il me ramène à mes premiers émois pour les boxeurs mi-lourds contre qui je combattais et qui me faisaient tomber en pamoison, voire en KO durant mes jeunes années. "il est pas mal Belette le W..." elle a ri aux éclats... alors que nous repartions hilares de la résidence.

Libérée derrière mon écran et aussi dans le cadre rassurant d'un "date" programmé par les applis de rencontre, où à minima je sais que le partenaire est "motivé" et me trouve à son goût, en direct je suis néanmoins toujours timide, farouchement sauvage et le manque de confiance en moi est un frein indéniable. Je n'ai rien laissé paraître de mon attirance envers W durant la visite, pas plus que durant l'état des lieux où je me suis rendue seule, troublée, persuadée ne pas l'intéresser.

Les applis faussent les rapports et le jeu de la séduction, elles sont parfaites pour les traumas de la drague comme moi, on s'épargne le risque d'un rateau en live, tout en restant éternellement novices de l'approche in vivo !

Un soir, décidée à profiter pleinement à nouveau de la période estivale au coeur d'une station balnéaire surpeuplée de mâles chauffés à blanc, je réinstallai l'appli Happn: pragmatique, elle a l'avantage de géolocaliser les hommes rencontrés au gré des déplacements en fonction des quartiers et des villes visités. les applis blasent, et celle-ci comme les autres, ne proposent pas de voir les likes sans abonnement, liker à l'aveugle est chronophage et peu efficace. En swipant (comprendre, consultant les profils à proximité croisés dans la ville qui commence à être surfréquentée, à ce titre travailler dans un musée comporte quelques avantages), je découvrai le profil de W... peinant à le reconnaître (les photos des profils des hommes sont rarement flatteuses et souvent prises au volant d'une voiture, je m'interroge sur ce point), j'hésitai puis envoyai un like  misant sur "on verra bien".

Il répondit moins d'une heure après, par un superlike et engagea une conversation faite de vouvoiement, de madame V... qui m'amusèrent, ce ton est devenu depuis un jeu dans nos messages. Les échanges s'intensifièrent, sans allusion au sexe, l'affinité intellectuelle se tissant, on convint d'un rendez-vous quelques jours plus tard, chez lui...

Sûr de lui en mode professionnel, il le fut beaucoup moins à mon arrivée chez lui, hésitant à m'embrasser, se tenant à distance, louchant sur mon décolleté et mes jambes que ma robe portefeuille dévoilait, mais n'osant s'approcher véritablement.

L'apéritif sur le bord de sa piscine servi, les échanges allèrent bon train, mais je commençais à la longue à m'interroger sur le pourquoi de ce rendez-vous et de ce "superlike". Le mode "queutard" m'a sans doute conditionnée, entre C qui m'attend (toujours) rigolard à poil derrière sa porte, la capote à la main, S qui me sautaient dessus illico presto, Y qui bavait sur mes pieds dès la porte passée etc... les bavardages légers ne me sont plus familiers. Nous avons parlé de nos enfants (il en a 4), de nos séparations (depuis 5 ans pour lui), immobilier, carrière, sport... tourisme... il est touchant dans sa timidité, mais son sérieux me déstabilise.

Légèrement grisée par le vin blanc et décidée à briser la glace ou à défaut être fixée sur ses intentions, je l'accompagnai dans la cuisine prétextant lui donner un coup de main pour resservir, je m'approchai et l'embrassai enfin. Il se laissa faire et m'enlaça, l'érection au travers de son jean ne laissait aucun doute sur ses intentions, il m'entraîna sur le canapé, entreprit d'enlever ma robe (arracher serait sans doute plus approprié) et les sous vêtements alors que je gloussais comme une gamine. Je le découvris alors entreprenant, avide, doué en cunilingus et dominant. Une main de fer dans un gant de velours...

Il y eut 3 rounds, entrecoupés d'apéros, d'un repas (il cuisine, fait inédit et séduisant) qu'il avait pensé espagnol du fait de mes origines (attention touchante), ébats prometteurs mais dénués de réelle sensualité ni partage et en mode "sport". Alors que j'hésitai à accepter un troisième verre de vin, pensant reprendre la route, il affirma désirer que je reste dormir (rare pour une première). Le réveil fut tout aussi "sport" et exaltant mais exempt de sensualité.

Depuis lors, il y a une semaine ce soir, nous échangeons quotidiennement, nous appelons, mais ne nous sommes pas revus, ses enfants, les miens, nos vies professionnelles entravent et freinent. Mais il garde un contact étroit, alternant sujets divers et sexe affirmant son désir.

Alors que je me connectai il y a 2 jours sur meetic afin de suspendre mon compte pour la énième fois (appli décidément peu adaptée à mes goûts), je trouvai un message qu'il m'avait envoyé le 21 mai et auquel je n'avais pas prêté attention et laissé sans réponse... "je lui plaisais donc", je lui en fis la remarque et obtins pour toute réponse "honnêtement Madame V. y a t il des hommes auxquels tu ne plais pas ?", et "je suis ton plan cul ? ton sandwich ?". 

Alors que je résume 12 jours d'échanges, je m'interroge sur sa nature complexe... timide mais dominant, prêchant le faux pour savoir le vrai, peu flatteur mais se lâchant parfois "au lit tu es imbattable". Il me renvoit l'image perturbante, étonnante et difficile à encaisser d'un prédatrice, croqueuse, insatiable et instable. "qu'attends tu de moi ? que veux-tu de moi ?" m'a t il demandé ce soir par SMS alors que je barbottais dans mon bain, après m'avoir avoué être harcelé par une femme de 15 ans plus jeune que nous, "je ne veux pas papillonner, mais si tu es libre, je le suis aussi" je n'ai rien trouvé de mieux à répondre sur le moment. "alors fais ce que tu veux... si c'était bon tu attendras que l'on puisse se voir, sinon tu répondras à la demande estivale" a t-il conclu. Je n'ai rien dit de mon besoin de stabilité, de respect et d'attention, de mes peurs de l'avenir, des doutes qui me tiennent éveillée jusqu'à l'aube. J'ai soigneusement caché les failles et la fragilité sous l'armure de la femme sexuée, guerrière et efficace qui se donne pour ne pas se faire prendre.

"Maman, tu te planques, tu as peur de douiller mais tu souffres à trop te protéger" m'a dit ma fille de 18 ans. Elle a raison, je veux mais ne veux pas, je cherche mais espère presque ne pas trouver (à moins que ce ne soit l'inverse), j'aime et déteste à la fois...

Je ne ressens absolument plus rien pour le père de mes enfants, l'amour est mort il y a des années et je l'ai enterré moi-même lors de la séparation en "grande pompe", j'essaye de ne pas le haïr d'être un aussi piètre père qu'il fut époux, j'essaie d'adoucir mes blessures d'humiliation et de rejet, de drainer la colère et la rage, de conserver la foi et la force. Chaque histoire relatée ici m'a foutu un genou à terre, certaines m'ont faite vaciller m'assénant une leçon sur moi-même, ravivant les vieilles plaies, écornant ma confiance fragile, puis je me suis relevée, persuadée que le pire est désormais derrière moi, la résilience enclenchée... la force est là... Mais le pire n'est pas derrière moi, il est là dans ce constat terrible: ce mariage puis cette séparation m'ont dépouillée, j'y ai perdu mes enfants, mes biens, ma carrière, mes projets, ma stabilité, mes espérances et la confiance dans les hommes (relative étant donné le modèle masculin volage que fut mon père).

Mon monde est en ruine, je joue les archéologues et tente de déconstruire des fondations obsolètes et trop étriquées pour la vie que je souhaite mener mais qui me fait tant peur. La liberté est tout autant ennivrante qu'effrayante certains soirs. Dans la prise de décision de donner un coup de pied au cul de ce mariage, j'avais envisagé la reconstruction, j'avais omis la nécessité de détruire et déconstruire les vestiges pyschologiques toxiques accumulés au cours des années de ce mariage.

L'image que je donne est en totale dissonance avec ce à quoi j'aspire. Je ne suis que dichotomie: je vis la thèse et affiche l'anti-thèse J'utilise encore et toujours le sexe comme un instrument de pouvoir sans jamais baisser ma garde et afficher mes réelles aspirations et vulnérabilités. La complexité des hommes est fatiguante, la mienne bien plus encore, et c'est celle qui m'effraie le plus.

 

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