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Tinder surprises !
20 septembre 2023

LECON N°32: SAISIR LE BONHEUR QUAND IL SE PRESENTE

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à l'instant où j'écris (20/09/23 01:55) il s'est passé exactement 2 mois et 15 jours sans article.

Plusieurs raisons à cela, ou plutôt une essentielle dont découlent les autres: Vincent.

Je me suis astreinte dans les portraits précédents à n'exposer que les grandes lignes, les traits de caractères principaux, tentant de ne pas tomber dans le mièvre ni la caricature. Mais décrire Vincent me parait infaisable, réducteur et le résultat en serait inévitablement malhabile et lui rendrait peu hommage. Je vais donc tenter d'être factuelle, et pour l'heure je découvre qu'il est littéralement impossible de lister les "pourquoi on aime".

Il m'a happée dès le tchat, par son orthographe parfaite, son écoute, son envie de me connaître et en savoir plus, son élégance, son indulgence, l'absence de sous entendus sexuels. Sa passion pour la mer, la voile, son besoin d'iode et d'embruns qui font échos aux miens. Sa simplicité, son entièreté, son honnêteté et sa fragilité qu'il ne déguise pas. Nous avons tchatté durant 10 jours, il était en déplacement à des centaines de kilomètres. Là où les autres candidats auraient (sauf rares exceptions) au mieux envoyé quelques messages de loin en loin, lui entretenait le dialogue et menait plus avant la découverte et l'exploration, les liens se tissaient.

Le premier rendez-vous fut nocturne, résidant à 250 m de chez moi, je ne résistais pas à l'envie de le rencontrer enfin... sa voix chaude, son rire, son sourire malicieux, son profil fier m'évoquant un buste de César très touchant du musée d'archéologie d'Arles, sa douceur...

Je suis tombée sous son charme et me suis laissée glisser sans crainte vers l'attachement sans penser aux lendemains souvent aigres de désillusion qui suivirent souvent les 1ères nuits. Je suis chaque jour un peu plus sous son charme depuis. Nous partageons la même passion pour la mer, paddle, snorkelling, plongée, il m'écoute parler comme un livre de Tabarly et Kersauson qui furent mes héros, sorte de pères symboliques et héroïques, de Caradec, Moitessier, les frères Peyron, Poupon puis Helen Mac Arthur, Guirec Soudée dont j'ai suivi avec ferveur les courses durant des années, et lu les biographies. Exilée dans mes jeunes années à Paris, suivre le Vendée Globe ou le Trophée Jules Verne constituait une sorte d'ersatz iodé. J'ai usé mes semelles au musée de la marine du palais du Trocadéro les dimanches... Qu'il navigue le rend héroïque et admirable. J'aime sa liberté et sa façon d'aimer son entourage, sa prévenance, sa générosité, son écoute, il est solide et fiable. Il projète, rêve pour deux et m'embarque souvent dans des projets pharaoniques et fous où il est souvent question de tour du monde, de tour de la Méditerranée... Mon marin est un rêveur... j'ai baissé peu à peu ma garde pour finir par accepter l'évidence: je suis amoureuse, d'une façon que je ne connaissais pas, fluide légère et profonde. Notre relation est sans enjeu tordu, sans conflit, les ajustements se font sans heurts. Le pouvoir est absent, je ne lutte pas, pour la première fois de mon existence je n'ai pas peur, je ne me sens pas en danger dans mon attachement à l'autre.

La rencontre avec mes filles est venue rapidement, la plus jeune ayant l'iode au coeur et pratiquant la voile l'a adopté quasi de fait, la grande de 18 ans, plus terrestre et intraitable le tolère bien que reconnaissant qu'il est "chouette voire formidable, c'est bon de te voir à nouveau sourire et heureuse" mais le trouve trop présent, recherchant la fusion rassurante du petit enfant en besoin de certitudes. Les 2 dernières années ne l'ont pas épargnée, son monde a implosé, mais là n'est pas le sujet.

Je me retrouve souvent dans un conflit de loyauté entre passer mes soirées avec lui ou avec ma fille qui vit désormais avec moi à temps plein, redoublant son bac, elle a opté pour la vie sur le littoral plutôt que dans le village rural à des kilomètres du premier lycée où elle grandit et où sa soeur a souhaité rester en compagnie de son père. J'ajuste, tente l'ubiquité, la diplomatie, compartimente et partitionne, puis impose... elle s'adoucit peu à peu, il développe des trésors de patience et de douceur... elle se laisse apprivoiser peu à peu.

Bien qu'à pas de velours l'arrivée de Vincent a pourtant eu un effet tsunami sur ma vie et mes projets, mes aspirations. The One s'est retrouvé relégué au placard dès la première semaine (un des prochains articles concernera The One), quant aux candidats précédents, certains ont tenté de reprendre contact, F, W, S (mais je pense plus à une fausse manip d'appel vidéo nocturne pour ce dernier) mais je ne suis plus dans cette dynamique. Tous avaient en commun le manque de respect, la volonté de pouvoir, chaque échange virait à la tentative de putsch sur ma vie et mon quotidien, du moins c'est ainsi que je l'ai vécu. Vincent est un ovni à ce titre. Il est arrivé en douceur, par surprise au moment où je ne croyais plus vouloir ni plus être capable d'aimer. Il est ma surprise, mon cadeau et mon bonheur. L'épisode S m'a renvoyée à mes vieux démons, et W ne fit que confirmer que je ne souhaitais pas d'histoire au rabais. Vincent a sans le savoir eu un effet de grisou sur 20 mois d'errance (que je ne regrette néanmoins pas le moins du monde, ces errances ont permis l'évolution).

L mon ami rentré sur meetic et moi sommes toujours en contact, lien moins quotidien mais tout aussi sincère et salutaire, C le sex-friend est le dernier auquel je réponds, mais ne donne pas suite. C'est un pote, ce n'est plus pareil, je ne cèderai plus. Vincent ne baise pas, les rapports sont un partage, il y a bien longtemps que je n'avais pas partagé, que je ne m'étais pas réellement donnée tout en recevant autant en retour, je réapprends (l'ai je connu auparavant, rien n'est moins sûr) l'ivresse du plaisir de l'échange et du don de soi et le préfèrerais presque pour l'heure à la violence de l'orgasme.

Il connait l'existence du blog, mais lui donner l'accès à ces pans de ma vie n'est pas pour l'heure au programme, il connait mes errances passées, je n'ai rien caché, mais je souhaite ce passé révolu. J'ai supprimé sans regret mes comptes meetic et happn et aspire au point final de cet épisode.

La découverte de la fluidité et du bonheur simple et évident à 50 ans n'est néanmoins pas aisée, je conscientise une forme de parano, cherchant la baleine sous le gravillon, encore terrifiée à l'idée de soufrir à nouveau, craignant à réexposer mon coeur de guimauve mal caché sous ma grande gueule...  dans ses bras je découvre une partie de moi que j'avais soigneusement occultée et protégée depuis l'enfance. Il révèle ma douceur, ma tendresse, ma bienveillance. Je me découvre, souvent interdite et stupéfaite. La peur de souffrir n'est jamais très loin, mais ne me tenaille plus, j'essaie de faire en sorte de ne plus m'enfermer dans un conditionnement toxique et tordu dont je ne veux plus. Aimer véritablement est magique, je le découvre à 50 ans. La simplicité est un cadeau, je décide de me l'autoriser.

Mais j'ai longtemps pratiqué les sports de combats (déjà évoqué précédemment), j'y ai appris que le principal adversaire est soi même, j'en ai fait une règle de vie, de développement personnel afin de faire trouver puis tomber les murs d'enceintes que j'avais contruits... je constate à regret qu'en amour, malgré la résilience et l'évolution, si je ne suis pas vigilente, je serai NOTRE propre adversaire.

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