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Tinder surprises !
12 mai 2023

LECON N°21: FAIRE FACE AU MANQUE REEL

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Je me dois d'aborder un élément de fond que je conscientise douloureusement depuis quelques jours... cette "leçon" est sans nul doute la moins légère, la plus impliquante et lourde, et la plus intime.

Séparée il y a 15 mois, j'ai alors proposé la résidence alternée au père de mes enfants, sous un mode peu courant: les parents alternent leur présence auprès des enfants à l'ancien domicile familial, les enfants eux ne bougent pas.

Nous avons appliqué ce mode de garde durant ces 15 mois... durant lesquels, le rythme binaire a imprimé à mon quotidien une schize étrange. Semaine en mode mère de famille, en cuisine, "sur le pont" émotionnel à soutenir les enfants, les crises, les doutes, les devoirs, les activités, dans une maison de 150m² à la campagne, très isolée sur le plan amical... VS semaine en mode "libre", en bord de mer (où nous avions un appartement et où j'ai grandi et ai retrouvé famille et amis d'enfance) à 100 km de mes filles, au coeur d'une station balnéaire frénétique avec tout ce que ma définition de liberté put comporter et que j'ai déjà largement illustrée dans les autres "leçons".

Ce rythme a pris fin il y a quelques jours, et la réalité m'explose au visage, nul n'est plus aveugle que celui qui ne veut voir !

Les semaines de liberté m'ont permis de réinvestir un quotidien que j'avais construit autour de la cellule familiale durant près de 20 ans. Je m'y suis retrouvée, me suis reconnectée à ma part adolescente, revenir 1 semaine sur 2 sur le lieu même de ma jeunesse y a largement et sans doute insconsciemment largement contribué. La fête, les sorties, la plage à outrance, les hommes, la fête, les hommes, les hommes, les hommes... j'en ai oublié de travailler (le statut d'indépendant est soumis à un travail de fond de communication et de prospection) et j'en ai assumé le prix dès la fin de l'été et en subis encore les conséquences, et ai délaissé volontairement un travail sur moi pourtant essentiel.

Je réalise, alors que le manque de mes enfants est d'autant plus criant depuis que je ne les vois plus que 2 week-ends sur 3, manque évident, cruel et mordant que j'ai cru de combler par des pis-aller affectifs, illusoires et dérisoires avec des histoires éphémères (que je n'envisageais consciemment et objectivement pas comme éphémères dans l'instant, "cécité de confort" me direz-vous, "sans nul doute..." vous répondrai-je). Le manque était relatif, 1 semaine sur 2, il était douloureux mais néanmoins gérable , les relations de passage constituaient un écran à la douleur du manque. Désormais, ce manque prend toute la place, je suis devenue une maman du week-end, j'ai passé le relais à leur père, elles finissent l'année scolaire à 100 km de moi et de mes bras... je vis le déchirement à temps complet.

J'ai supprimé mon compte tinder depuis plus d'une semaine, désinstallé meetic (mon abonnement étant effectif pour encore 3 mois... impossible de le résilier) de mon mobile au même moment, je ne consulte plus mon compte depuis l'ordi non plus... rien ne comblant plus ce manque. Cet écran n'opèrant plus... j'affronte la douleur. Je ne vois désormais plus mes filles que 2 week-ends sur 3. Et le vide est béant ! Rien ne saurait combler ce manque, et tenter de le faire serait malhonnête vis à vis des hommes, mais surtout vis à vis de moi, je me dois d'être lucide. Les semaines me semblent déjà longues, je redoute qu'elles ne deviennent vite une éternité. Aucun placebo ne pourrait soulager ma peine.

Les dernières rencontres furent avec des hommes sans enfants, exigeants sur le plan calendaire et ne comprenant pas mes priorités de mère "deux week-ends sur trois, c'est terriblement contraignant" me dit l'un d'eux. Le fossé des incompréhensions mutuelles est d'autant plus béant avec les hommes sans enfants...

Je comprends et vis ce que Cy mon ami me racontait au sujet de sa séparation et de son manque de ses enfants: "j'en vomissais tellement j'avais mal, tellement le manque était douloureux". Me voilà à mon tour malade d'amour. Chaque départ de mes filles me met à vif, m'écorche... je me terre depuis ce changement de rythme de garde que j'ai pourtant choisi. 

La maternité m'a chamboulée, métamorphosée, je n'ai vécu que pour Elles durant près de 2 décennies, j'ai adapté ma vie professionnelle et familiale en fonction de la famille et de mes filles. J'ai réalisé que mon départ à ce titre a dû les blesser mais aussi (à chaque chose malheur est bon selon le bon sens populaire, je crois beaucoup au concept d'ambivalence) les libérer du poids que je devais inconsciemment leur faire peser sur les épaules: la mère sacrificielle est toxique sans le vouloir, sans l'exprimer, c'est un modèle néfaste dont j'ai tenté (force est de constater que j'ai bel et bien échoué) de me défaire dès l'enfance.

J'ai cédé au sentiment de maternité archaïque en m'oubliant, y trouvant le confort du don de soi et évitant par là même de m'occuper de moi, de ma carrière et ma vie personnelle propre (en dehors du couple et de la parentalité). La générosité gratuite n'existe pas, il y a inévitablement un bénéfice secondaire au don. Le mien fut l'oubli de moi, remettre aux calendes grecques l'amour et l'estime de soi. Le travail reste à faire, je me sens indigne d'être aimée, l'amour filial comble de fait ce genre de goufre affectif.

J'ai été incapable d'être une mère "moderne", jonglant entre maternité et vie professionnelle épanouissante: mère louve, protectrice, pierre angulaire du foyer, je me suis refusé le pouvoir sur ma destinée propre, j'ai compensé inconsciemment en prenant le pouvoir du quotidien. Omniprésente. Pouvoir toxique et déresponsabilisant pour les enfants mais aussi pour le père, qui néanmoins y a trouvé un confort d'organisation et a évolué considérablement au niveau professionnel. Je mesure totalement ma responsabilité dans ce choix de vie et je constate l'échec personnel et professionnel.

Il y a une logique maïeutique à l'étape que je traverse: renaître, retrouver mes priorités, les mesurer, me placer au centre de la construction de mon nouveau quotidien. C'est sans doute ce qui est le plus difficile, me retrouver face à moi-même dans mon entièreté. Durant toutes ces années, ma reconversion professionnelle (développement personnel et thérapeutique) m'a permis de cheminer et conscientiser la nécessité de repenser mes choix de vie sans quoi j'en "crèverais", et ce fut plus ou moins en ces termes que le chirurgien pourtant allopathe me "recadra" en janvier 2022 peu avant la séparation après m'avoir soulagé d'une vésicule biliaire défaillante, alors que j'hésitais encore à tout révolutionner dans nos vies. Me voilà nue et crue, repartant de zéro sur le plan professionnel (délocaliser un cabinet à 100 km n'est pas sans dommage), terrorisée par l'attachement puisque j'en connais les ravages lorsqu'il est excessif et non juste, en totale redécouverte de mon espace personnel, et SURTOUT ravagée par l'absence de mes enfants, rongée par la culpabilité et la sensation de les avoir abandonnées. La liberté est ennivrante, mais terrifiante certains jours.

Mes enfants devinrent dès leur naissance mes phares, je me suis toujours orientée en fonction d'elles, je me retrouve à devoir éclairer mes propres balises... et trouver comment rallumer la lumière pour ne pas m'échouer.

 

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Commentaires
P
Banalité 1: le manque ,le vide est fait pour te prouver à quel point tu les aimes,il est de fait rassurant pour ta posture de mère.<br /> <br /> Banalité 2: l'instant présent est tout ce qui importe.<br /> <br /> Banalité 3:tout est juste et à sa place, à toi d en trouver le bienfait ...<br /> <br /> Banalité 4:viens boire un coup,même un pisse mémé s'il faut,partager un moment avec moi, c est toujours bénéfique pour le moral ...le tien et le mien!☺️😘
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